vendredi 14 septembre 2012

Manifestations anti-américaines : Le retour de flamme



Par Khidr Omar


La quasi-totalité des pays arabes ont été, ce vendredi, agités par des manifestations anti américaines. Les manifestants, de Rabat à Sanaâ,en passant bien sûr par Tunis, Benghazi et le Caire, se sont rassemblés devant les représentations diplomatiques américaines pour exprimer leur colère contre ce non-film, « Innocence of Muslims », dont l’auteur, un israélo-américain, a choisi la provocation et le blasphème pour sortir de l’insondable néant dans lequel il a anonymement existé.

Si cette vague d’indignation est légitime, dès lors qu’il s’agit de défendre l’image du meilleur des Musulmans, le prophète Mohamed, que le salut soit sur lui, la façon dont cette colère s’est exprimée reste discutable. D’abord dans sa forme : les chaînes d’informations satellitaires, occidentales en particulier, ont montré des masses de musulmans ivres de colère, hystériques, brûlant la bannière étoilée, mettant aussi le feu au portrait du président Obama.

En Tunisie, au Liban, au Yemen, les manifestations se sont soldées par des morts. Ces images, dont la sournoiserie n’échappe qu’aux esprits candides, conforte dans l’imaginaire de l’occident le sentiment d’un Islam synonyme de violence et de sang. Le prophète Mohamed, que le salut soit sur lui, dont la vie reste un éternel modèle de comportement, aurait sans doute désapprouvé cette façon de faire et aurait certainement répondu par la plus belle et la plus éloquente des manières : le silence méprisant.

Encore une fois, le réalisateur de ce non-film s’est « payé » à bon frais une campagne de « pub » sur le dos des Musulmans, comme l’avait fait avant lui le piètre Salmane Rushdi, l’auteur sans talent des « Versets sataniques », ou plus récemment encore, le caricaturiste danois Kurt Westergaard aux traits injurieux. Nom de Dieu, pourquoi chez les Musulmans c’est à chaque fois, les voix de la violence, de l’hystérie qui s’expriment, qui se donnent de la visibilité, comme si la Oumma Islamia se résume à ces hordes fanatisées, hurlantes et vociférantes.

Islamistes labellisés « révolutionnaires »

Cette question nous renvoie en dernier ressort à la problématique des intégristes fondamentalistes qui squattent aujourd’hui la religion musulmane pour manipuler les foules, touchées au plus profond de leur foi, pour des desseins peu avouables. Les manifestations de ce vendredi ne dérogent pas à ce principe. En Tunisie, en Libye, en Egypte, au Yémen, au Liban…ce sont ces mêmes islamistes labellisés « révolutionnaires » par les officines et autres think tanks occidentaux, depuis les fameux « Printemps arabes » qui sont derrière les manifestations anti américaines.

C’est Al Qaïda qui est à la manœuvre. Sinon comment expliquer l’appel en boucle sur Al Jazeera du chef d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri appelant à la vengeance de son bras droit Abou Yahya Al-Libi, tué par un drone américain.

Avec la montée en puissance du sentiment américain, « les spin doctors » de la Maison blanche et du Pentagone, doivent se rendre compte et se rendre à l’évidence qu’ils ont fait fausse route en participant, avec d’autres forces occidentales, à la déstabilisation politique des pays arabes. « Les printemps arabes » s’avèrent être des hivers islamistes avec ce retour de flamme.

« L’exception algérienne »

L’Algérie, qui a eu à en découdre seule avec l’islamisme politique et armé, dans les années quatre-vingt-dix, est mieux placée que quiconque pour alerter sur le danger de l’islamisme qui s’abrite derrière toute indignation populaire pour occuper le devant de la scène. Les autorités algériennes, enseignées par l’histoire récente du pays, ont tôt fait de mettre en garde contre ces pseudo-printemps arabes. On ne l’a pas écouté sur le moment.

Aujourd’hui, intellectuels, partis politiques et journalistes qui jubilaient et pavoisaient, il y a quelques mois sur les exploits des « révolutionnaires » sur la place Tahrir, sur ceux de Benghazi et maintenant sur les brigades salafistes à Alep, admettent à leur corps défendant que l’Algérie a vu juste. C’est aussi cela « l’exception algérienne » qui s’est exprimée aujourd’hui en Algérie par un calme de la rue. Un calme qui n’est pas moins significatif de l’indignation de la population algérienne par rapport à la provocation du réalisateur israëlo-américain.

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