jeudi 15 mai 2014

NON à L'adhesion à l'OMC!

 Par Rafik Benasseur

«M. Le président de la République m’a confié la tâche prioritaire de concrétiser rapidement l’adhésion de l’Algérie à l’OMC». Cette déclaration du ministre du commerce Amara Benyounès aussitôt après sa nomination dans le nouveau gouvernement a étonné plus d’un. Qu’est ce qui justifie cet empressement à vouloir se jeter dans la gueule de ce loup qu’est l’organisation mondiale du commerce ?
Une telle démarche suppose que l’Algérie soit un pays disposant d’une économie très solide et compétitive à même de placer ses produits à l’international. Or, tout le monde sait que 97% de nos exportations sont des hydrocarbures et les produits dérivés. Qu’allons-nous donc vendre à l’étranger si d’aventure le processus d’adhésion à l’OMC passe comme on le souhaite dans les meilleurs délais ?
Il y a dans cette volonté d’aller coûte que coûte à l’OMC une inconséquence économique doublée d’une erreur stratégique. L’Algérie qui importe y compris ce qu’il y a dans l’assiette quotidienne des ménages a certainement beaucoup plus à perdre qu’à gagner. Il faut savoir en effet que l’adhésion à ce club des riches et des puissants suppose d’entrée le démantèlement de toutes les barrières tarifaires et non tarifaires pour les produits venants d’ailleurs.

Qui est ce « conseiller OMC » du président ?

Autrement dit, les ports algériens deviendraient alors des réceptacles de toute sorte de produits même si certains sont produits localement. Et, compte tenu de la qualité des produits qui vont automatiquement inonder le marché national en vertu de cette ouverture débridée des barrières protectionnistes, il est aisé de deviner le grand désastre pour l’économie nationale.
Quelle est, en effet, cette entreprise algérienne publique ou privée qui va pouvoir résister et concurrencer les géants du monde qui vont proposer des produits de très hautes qualité et à des prix plus ou moins semblables ? En dehors de Sonatrach, la majorité des entreprises algériennes vont mettre sans doute la clé sous le paillasson. Pis encore, même les hydrocarbures vont être impactés par cette éventuelle adhésion à l’OMC.
Pour que la demande algérienne soit acceptée par les membres de l’OMC, le gouvernement devra impérativement accepter certaines conditionnalités absolument très douloureuses pour les algériens.

L’Occident va nous bouffer !

Comme si par exemple que le ministère de l’Énergie décide de mettre les prix des carburants et du gaz au même niveau qu’en Occident. Autrement dit, contraindre les algériens à payer le litre d’essence à 120 dinars et celui du mazout à 150 dinars. Cela relève d’une démarche suicidaire quand on sait qu’une petite augmentation des prix du sucre et de l’huile avait allumé le feu en janvier 2011.
Difficile donc de saisir les motivations de cette volonté affichée de vouloir mettre le pays dans une situation délicate potentiellement explosive. Même les experts les plus libéraux conseillent à des pays économique fragiles de ne pas trop se presser de rejoindre l’OMC. C’est un peu la désillusion pour le SG de l’UGTA, M. Sidi Said et la porte parole du parti des travailleurs qui ont soutenu et accompagné le président Bouteflika.
«Il ne faut pas que l’adhésion à l’OMC soit une priorité», a concédé Sidi Saïd, lors de la réunion avec le nouveau ministre de l’industrie, Abdeslam Bouchaoureb.

Une «priorité» pour Bouteflika pas pour Sidi Said

Et voilà qu’il s’inscrit en faux par rapport au programme économique du président de la république qui fait justement de l’adhésion à l’OMC une priorité. En libéral convaincu, Amara Benyounès est logiquement impatient d’aller au charbon lui qui est même contre la règle des 51/49.
Mais pour l’UGTA et même les patrons algériens, c’est la peur au ventre. Le maigre tissu économique algérien risque tout bonnement de disparaitre si les américains et les européens auraient demain la possibilité de convoyer des millions de tonnes de produits de différents nature sans avoir a payer des taxes douanières.
Assurément, l’Algérie va tuer son développement économique et peut être même hypothéquer son avenir politique. Cela ressemble presque à la fameuse loi sur les hydrocarbures en vertu de laquelle, Chakib Khelil voulait vendre le sous sol algérien au majors américains. C’est une ligne rouge à ne pas franchir.



Source Algerie1.com

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