jeudi 17 août 2017

La dégénérescence de l'habillement


 Après le corps, les vêtements sont le plus proche environnement de l'âme humaine et ont sur elle un effet considérable que les Anciens connaissaient bien. Leurs façons de s'habiller, bien que variant superbement d'une civilisation à l'autre, étaient toujours le souvenir de la dignité de l'homme, comme représentant de Dieu sur la Terre. Mais en Europe occidentale, il faut remonter à presque mille ans en arrière pour trouver des vêtements qui puissent se comparer à ceux d'autres civilisation théocratiques ou avec la dignité de la simple nudité. Certes, il est vrai qu'à la fin du Moyen Âge, les Chrétiens continuaient encore de faire preuve d'un certain sens de la forme et de la proportion dans leur habillement, mais une note indubitablement mondaine et profane avait été apportée, signe précurseur de l'avenir. Depuis le milieu du XVIe siècle, alors que le reste du monde est resté fidèle à l'habillement traditionnel, les modes européennes n'ont été qu'une succession d'extravagance et de vanité, une sorte d'agonie des valeurs spirituelles, dont l'aboutissement est un vêtement qui, comme le disent les Arabes, a un « relent d'athéisme ». Pour avoir une idée objective de la nature anti-spirituelle des modes modernes, il suffit de rappeler que, dans l'art sacré de beaucoup de civilisations, les Esprits saints au Paradis sont représentés, sans la moindre incongruité, dans des vêtements semblables à ceux que portaient l'artiste et ses contemporains. On peut imaginer le tableau qu'exécuterait un artiste moderne si les personnages peints étaient vêtus de même. Il est significatif aussi que, plus ils seraient « correctement » habillés, c'est-à-dire plus leurs vêtements seraient incongrûment représentatifs de notre siècle en chacune de ses décennies, plus fracassant serait l'effet.

Martin Lings, Croyances anciennes et superstitions modernes(p. 51)

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