mercredi 8 août 2012

Rendez-nous Baba Merzoug !

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L’affaire du canon de «Baba Merzoug», qui était « l’ange gardien » de la ville d’Alger deux siècles durant, vient d’exploser sur la place publique révélant le peu de cas fait de l’héritage historique de notre pays.

On vient d’apprendre grâce au journal Ouest France que les autorités algériennes n’ont pas réclamé la restitution de ce vestige national volé par l’armée coloniale aussitôt après la conquête d’Alger. Le fait est loin d’être anodin dés lors qu’il s’agit d’un constituant de la mémoire nationale et de son épopée passée.

Quand on réclame les excuses de l’ex-puissance coloniale pour ses crimes abjectes, on devrait naturellement exiger la restitution de cette « pièce » historique qui n’est pas moins importante que les archives écrites ou filmées de la révolution.

Au lieu de garnir la vitrine du musée du moudjahid, le fameux canon Baba Merzoug, orne les travées de la marine nationale française de Brest ! Une source du ministère français de la défense n’hésite pas à trancher que l’armée de l’Hexagone est «très attachée à ce canon, qui fait partie désormais de l’Histoire de la Marine nationale». Et pour cause !

Et que répondent les autorités algériennes ? Silence. Un silence mystérieux d’autant plus incompréhensible que notre pays célèbre le 50ème anniversaire de son indépendance, censé servir de halte historique pour un solde tout compte.

Une pièce à conviction

Mais, surprise, la petite enquête du journal français révèle une polémique franco- française et non pas une levée de bouclier des responsables algériens. Tout se passe comme si l’affaire ne les concerne pas et qu’ils attendent un geste de générosité de l’Etat français, en restituant le fameux canon sans trop de bruit.

Mais on n’en pas encore là. Le Quai d’Orsay a estimé lundi que son homologue algérien n’a pas fait de demande officielle pour la récupération du canon. «Le ministère français des Affaires étrangères n’a pas reçu de demande officielle des autorités algériennes en vue de la restitution de ce canon», a déclaré, le département de Laurent Fabius.

L’agence officielle APS a eu la même réponse de la même source. Mais on ne sait pas trop ce que pensent les autorités algériennes ainsi prise en défaut. Au ministère français de la défense, une conseillère du cabinet de Jean-Yves Le Drian, citée par Ouest France précise quant à elle que la France a bel et bien reçu début juillet une «demande officielle» de l’Algérie pour récupérer le canon Baba Merzoug.

Motus bouche cousue

A Alger, motus et bouche cousue aussi bien côté officiel que du côté des organisations de la famille dite révolutionnaire si promptes pourtant à dégainer dès qu’il est question de la guerre mémorielle algéro-française.

Pourquoi donc l’Etat algérien ne s’exprime pas sur la question ? Pourquoi il ne souhaite pas récupérer son canon que lui tend presque le ministère français de la défense ?

Cette affaire ressemble à s’y méprendre à celle de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français en Algérie mais aussi à la restitution des archives de la révolution que l’Algérie n’avait pas réclamé comme l’a attesté l’ex-ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt.

Faut-il rappeler que la scandaleuse loi du 23 février 2005 fut dénoncée par les historiens et les enseignants français avant que nos responsables ne s’en emparent quelques mois après pour en faire un fond de commerce. Question à un dinar : Le canon de Baba Merzoug ne mérite-t-il pas de reprendre sa place de l’autre côté de la méditerranée 50 ans après l’indépendance ?

Source : Algerie1.com

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