Cette année encore, à l’occasion de la célébration de la fête de l’Aid,
les algériens n’ont pas échappé à la fatalité de la fermeture de la
plupart des commerces. Pour ceux qui n’ont pas eu la présence d’esprit
de faire des réserves chez eux, c’était la galère. Pas de lait, pas de
pain, ni de marchands de fruits et légumes. Même les pharmacies de
garde, une chose impensable, il y a encore quelques années se sont mises
de la partie. Cela risque de durer plusieurs jours.
Pourtant cette année, les algériens pensaient que la page de ces
désagréables jours de disette est derrière. En effet, le parlement avait
adopté récemment la loi modifiant et fixant les conditions d’exercice
de l’activité commerciale qui oblige les commerçants à approvisionner le
citoyen en produits de large consommation. De son côté l’Union des
commerçants, à la veille de l’Aid, avait donné des assurances quant à
l’ouverture des commerces, pour assurer un service minimum. Une liste de
permanenciers a été même établie par ses soins, après avoir mené une
campagne de sensibilisation. Mais force est de constater que ni la loi,
ni les engagements de leur syndicat professionnel n’ont dissuadé ces
commerçants qui continuent ainsi à pénaliser les citoyens et à défier
les pouvoirs publics.
Ces commerçants ne sont visiblement pas imprégnés de l’obligation de
services public qui est, dans les pays qui ont du respect pour leurs
citoyens, quelque chose de sacré. Ces commerçants pensent que le fait
d’être de droit privé, les exonèrent du devoir de servir le citoyen en
produits de consommations. Certes le boulanger, le marchand de fruits et
légumes, voire la pharmacien, travaillent pour leur propres comptes,
mais ce n’est pas pour autant qu’ils doivent se croire moins obligés que
les travailleurs de Naftal qui assurent la disponibilité du carburant,
que les travailleurs des sociétés de transport public , comme la SNCF et
la RSTA, où encore les travailleurs (tous corps confondus) des hôpitaux
qui sont sur place, sans parler des sapeurs pompiers, des agents de
police, des soldats de l’ANP…
Il est vrai que pour les boulangers de la capitale, leurs ouvriers
viennent généralement des villes de l’intérieur du pays, notamment des
wilayas de Jijel, Tizi Ouzou, Bouira… et il est normal qu’ils puissent
passer la fête de l’Aid en famille. Il s’agit là d’une contrainte
sociologique. Mais ceci ne justifie pas cela. En fait, la balle est dans
le camp des autorités. La loi existe. Les commerçants qui refusent de
s’y conformer doivent être passibles de sanctions sous la forme
d’amendes, de fermeture temporaire ou définitive. Mais justement, cet
Etat a t-il assez d’autorité pour faire respecter sa propre loi ? C’est
là tout le problème de l’Algérie.
Source: Algérie 1
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