1.-Le 28 aout 2015, à la demi journée le
cours de l’euro était de 1,128 dollar, le cours du dinar algérien
105,61 dinars un dollar, 119,49 dinars un euro, le cours du WIT est coté
à 42,35 dollars et 47,15 dollars le Brent. La légère remontée après la
dévaluation du yuan chinois et la baisse de la bourse de Shanghai, plus
de 8%, crise qui s’est propagée à l’ensemble des places financières
mondiales étant due à l’intervention massive de la banque centrale de
Chine. Cette situation est donc conjoncturelle, donc pas d’euphorie.
Car nous assistons avec une baisse des
coûts avec les nouvelles technologies, l’accroissement de la production
américaine du pétrole/gaz de schiste dont le Congrès vient d’autoriser
les exportations vers l’Europe vers 2017, approchant en millions de
barils jour la production de l’Arabie Saoudite, l’entrée du Mozambique
3ème producteur d’Afrique dès 2016, l’Iran par la voix de son ministre
de l’énergie qui vient de faire savoir qu’elle accroitra sa production
pour reconstruire son économie quelque soit le prix directeur du
pétrole, les européens exigeant l’alignement sur le marché spot du prix
du gaz donc en baisse, et l’Arabie Saoudite ( plus de 900 milliards de
dollars de fonds souverains) et les pays du Golfe représentant 60% du
quota OPEP qui ne représente d’ailleurs que 33% de la production
commercialisée mondiale, pour qui il n’est pas question d‘abaisser leur
production et qu’ une réunion urgente de l’OPEP n’est pas à l’ordre du
jour.
La demande d’hydrocarbures est
tributaire fondamentalement de la croissance de l’économie mondiale et
du nouveau modèle de consommation énergétique mondial, et les
perturbations financières actuelles montrent clairement que l’impact de
la crise financière de 2008 n’est pas encore terminé du fait que l’on ne
s’est pas attaqué aux fondamentaux. Et ce, malgré certains progrès des
accords de Bâle III pour encadrer les banques, mais insuffisant faute
d’une approche macro-économique globale et d’une régulation mondiale.
2.-Bien que la dette extérieure de
l’Algérie est inférieure à 4 milliards de dollars, que les réserves de
change clôtureront entre 135/140 milliards de dollars fin 2015, cette
crise a un impact sur l’économie algérienne totalement extériorisée via
les hydrocarbures, 98% des recettes en devises et important 70% des
besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne
dépasse pas 15% pour les entreprises publiques et privées. Les recettes
de Sonatrach, selon la LFC2015 seraient de 34 milliards de dollars au
cours moyen annuel de 60 dollars donnant un profit net à Sonatrach,
déduction des charges de 25/26 milliards de dollars et 22 milliards de
dollars de recettes et 16/17 milliards de dollars de profit net à un
cours de 40 dollars. Comme conséquence, nous aurons un épuisement
progressif du fonds de régulation des recettes début 2017, et des
réserves de change horizon 2018. Et ce dans l’hypothèse d’un manque de
vision stratégique, d’un non changement de gouvernance et de la
politique socio-économique, loin des mesures techniques actuelles de
court terme qui s ‘assimilent à du replâtrage.
Dans ce cas, nous assisterions à un
retour au FMI avec des ajustements économiques et sociaux plus
douloureux que ceux de 1994/1995, avec un amenuisement du pouvoir
d’achat pouvant diminuer de l’ordre de 30 à 50%, selon la stratification
sociale mais touchant les plus démunis à court terme : que l’on analyse
le cas actuel de la Grèce qui n’a que 11 millions d’habitants avec un
PIB supérieur à celui l’Algérie qui dépasse 40 millions d’habitants.
Comme le PIB est irrigué à 80% directement et indirectement par la
dépense publique via les hydrocarbures, nous devrions assister à une
nette baisse du taux de croissance, don automatiquement à un
accroissement du taux de chômage, dont le taux officiel est biaisé
artificiellement déjà par les sureffectifs et les empois rentes, à une
dévaluation progressive du dinar tant par rapport au dollar que de
l’euro (200 dinars un euro).
Cela accroitra le processus
inflationniste, compressé actuellement par les subventions mal ciblées,
pouvant aller vers un taux à eux chiffres pénalisant en premier lieu les
revenus fixes, remettant par là en cause le montant des subventions et
des transferts sociaux, 60 milliards de dollars en 2014 soit 27% du
PIB. Les banques devront forcément
relever leur taux d’intérêt, qui doit être supérieur au taux d’inflation
pour éviter leurs faillites, ne pouvant plus être recapitalisées via la
rente des hydrocarbures. La dévaluation rampante du dinar équivaut à
réaliser une épargne forcée au profit de l’Etat en amenuisant les
revenus mais également l’épargne en liquide accumulée thésaurisée qui
tendrait vers zéro. Dès lors se manifestera l’insolvabilité de bon
nombre de citoyens du fait de la hausse des taux d’intérêts et de la
baisse de leur pouvoir d’achat, ayant acquis soit des logements à des
taux d’intérêts bonifiés ou ayant bénéficié d’autres avantages
financiers et fiscaux avec pour conséquence une véritable crise
économique, sociale et politique.
3.-Nous aurons alors le même effet de
l’impact de la crise de 1986 où pendant les années 1989/1991 pour les
projets agréés par l’OSCIP, où le taux d’intérêt était passé de 5% à 15%
ayant entraîné la faillite de bon nombre d’opérateurs privés et accru
l’endettement des entreprises publiques. C’est la même situation qu’ont
connue les USA lors de la crise de 2008 ou celle de l’Espagne qui a misé
sur le BTPH (où d‘ailleurs en Algérie l’on utilise les anciennes
méthodes de construction fortes consommatrices de rond à béton, de
ciment et d’énergie), et qui a connu la plus grave crise économique de
son histoire. Paradoxalement en cas de résolution de la crise de
logements sans relance économique réelle, avec cette individualisation
(un couple même logé ne peut vivre avec 20.000/30.000 dinars net par
mois), l’on prépare le nid à de vastes contestations sociales. Car
actuellement plusieurs familles vivant sous le même toit, avec un revenu
familial global (même marmite, partage des charges d’eau, d’électricité
etc). Cela atténue la détérioration du pouvoir d’achat individuel
augmente le revenu familial consolidé et assure une certaine cohésion
sociale. Évitons ces réunionites et commissions, signe d’une non
maîtrise que l’on voile par de l’activisme, car le diagnostic est connu,
toujours depuis 20 ans avec les mêmes hommes et experts qui avaient
prédit un retour du cours à 100 dollars en contrepartie d’une rente et
d’une soumission contre productive, et qui avaient, la presse en est le
témoin, proposé au gouvernement et qui disent tout le contraire
aujourd’hui, des solutions déconnectées des réalités sociales internes
et des nouvelles mutations mondiale.
Il y a urgence, de prendre des décisions
concrètes, loin des bureaux climatisés au sein, d’un front le plus
large possible sans exclusive car les intérêts supérieurs de l’Algérie
sont menacés personne n’ayant le monopole de la vérité et du
nationalisme. Pour des raisons de sécurité nationale, les réformes
structurelles deviennent urgentes, difficiles car déplaçant des segments
de pouvoir, et liées à la bonne gouvernance et à la mise en place
d’institutions adaptées, couplées selon une vision stratégique de long
terme avec la réforme du système financier algérien, notamment public
qui concentre plus de 85% des crédits octroyés (enjeu de pouvoir et
poumon des réformes). Cela conditionne le choix de segments en termes
d’avantages comparatifs coût-qualité dans le cadre des valeurs
internationales (industrie-agriculture-services) notamment en
co-partenariat si l’on veut réaliser cette transition d’une production
et exportation hors hydrocarbures elle même liée à la transition
énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif, le secteur
industriel représentant moins de 5% du PIB devant aller vers 15/20%
minimum horizon 2020. En raison de la persistance de la crise mondiale,
les tendances baissières du cours des hydrocarbures se confirment comme
j’ai eu l’occasion de le souligner entre 2010/2014 dans de nombreuses
contributions à la presse nationale et au cours d’une conférence « crise
mondiale, Sonatrach et le marché européen de l’énergie » en 2011 à
l’invitation du parlement européen à Bruxelles et en 2012 au Sénat
français. Aussi, j’attire l’attention du gouvernement sur le danger
d’une bulle immobilière en Algérie. L’Algérie ne peut continuer à verser
des traitements et salaires sans contreparties productives et à
dépenser sans compter.
(1).-Voir différentes interviews aux
organismes internationaux du professeur Abderrahmane Mebtoul Professeur
des Universités, expert international, membre de plusieurs
organisations internationales. A leurs demandes, plusieurs interviews à
des agences de renommée mondiale dont le 25/08/2015 – au site de la
chaine mondiale américaine CNN en arabe, – à l’hebdomadaire
international (Londres) Arab Economic News , – au site de la chaîne
Arabia de Londres, -et le 27 aout 2015 à l’agence officielle espagnole
E.F.E, principale agence en langue espagnole au monde et la quatrième en
importance au niveau planétaire, « Mutations énergétiques mondiales,
impacts de la baisse du cours du pétrole sur l’économie algérienne et
les perspectives ».
ademmebtoul@gmail.com
(Source: Algérie1 )
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