Les candidats républicains à la présidentielle aiment à répéter que « nous sommes en guerre. » Et
donc, selon que l’on compte ou pas la guerre froide, nous serions dans
la Troisième Guerre mondiale ou la Quatrième Guerre mondiale. Quelle
sottise ! Les attentats terroristes en Occident démontrent, en fait, le
caractère asymétrique de ce qui se passe entre les Etats-Unis
et ses cibles du monde musulman. Le gouvernement des Etats-Unis et ses
complices mènent une vraie guerre. Même si les forces terrestres sont (actuellement)
faibles et que les drones télécommandés prennent de plus en plus le pas
sur les bombardiers et les hélicoptères de combat classiques, la guerre
que mène aujourd’hui l’Occident n’est pas très éloignée de la guerre
traditionnelle.
Les terroristes, eux, commettent des crimes (des actes délictueux, donc)
contre des personnes aux États-Unis, en France, etc. Ils tirent sur des
gens qui sont à des réceptions, des concerts, et dans des restaurants.
C’est horrible, mais ce n’est pas la guerre. ISIS et Al-Qaïda n’ont pas
d’armées capables d’envahir les États-Unis, ni de marines, ni de forces
aériennes. Ils n’ont pas la capacité de conquérir notre pays ni de faire
tomber le gouvernement. Il leur est absolument impossible de nous
vaincre. Nous seuls en sommes capables.
« Nous » sommes en guerre contre eux. Ils ne sont pas en guerre contre nous. Ils recourent au terrorisme précisément parce qu’ils – ou plus exactement ceux qui les soutiennent dans le pays -
sont incapables de mener une guerre contre la société américaine. Ceux
qui ne cessent de répéter qu’on est en état de guerre la guerre savent
très bien qu’un gouvernement sur le pied de guerre sera autorisé à
exercer un intolérable degré de pouvoir sur nous. Les candidats
présidentiels bavent d’envie à l’idée de devenir des commandants en
chef.
Lorsque Rick Santorum, faisant écho à ses rivaux présidentiels, affirme que « l’islam radical est en marche et que ce qu’ils veulent, c’est détruire le monde occidental, » il cherche simplement à augmenter les votes en sa faveur en agitant des peurs sans fondement. Quelques « loups solitaires » ne font pas un « islam radical », et leur projet (même en admettant qu’il soit celui-là) n’a aucun d’intérêt puisqu’ils n’ont pas les moyens de le réaliser. Mueller et Stewart parlent d’un « terroriste » qui voulait renverser la Sears Tower de Chicago, la faire tomber dans le lac Michigan, où elle créerait (espérait-il)
un tsunami qui submergerait la ville, ouvrirait la prison et libérerait
les détenus. Allons-nous laisser de pareils sornettes nous empêcher de
dormir ?
Comme je l’ai déjà dit, la guerre-contre-le-terrorisme
permet à ses cyniques supporters d’imposer aux Etasuniens la perte de
leur liberté, la perte de leur vie privée, la perte de leur prospérité,
et un stress inutile. Mais ce n’est pas tout : la suspicion généralisée
dont sont victimes les musulmans américains (et d’autres) va
finir par provoquer la destruction du corps social. On sait bien qu’ISIS
et al-Qaïda veulent créer un fossé entre musulmans et non-musulmans aux
EU et ailleurs. Les politiciens étasuniens disent qu’ils ne veulent pas
que cela se produise, mais il est clair que leur rhétorique autoritaire
ne peut qu’aggraver l’hostilité envers tous les musulmans.
Sheldon Richman
Source: France-Irak Actualité
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire