samedi 10 décembre 2011

Medelci doit démissionner ou se faire démissionner!

Medelci fait son compte rendu à la France, le baroud du déshonneur

La prestation du ministre des affaires étrangères Mourad Medelci, mercredi à Paris devant les députés français aura été un grand ratage diplomatique. A tous point de vue. Dans la forme, l’exercice a pris l’allure d’un véritable interrogatoire dans l’enceinte même de l’assemblée nationale française.
Bien que aux A.E, on s’ingénie à expliquer que ce type "d’audition" est courant, il est difficile de ne pas y voir une forme de soumission à l’ex puissance coloniale alors que l’Algérie s’apprête à célébrer le 50ème anniversaire de l’indépendance.
De quel droit et en quelle qualité, en effet un ministre Algérien, de souveraineté de surcroît, devrait –il rendre compte à un parlement français sur la conduite des réformes et les positions "souveraines" de l’Etat National sur des dossiers qui agitent le monde ?
Difficile de cataloguer une telle "audition" dans un quelconque registre diplomatique pour la simple raison qu’il n’existe pas. Et à supposer que la France a pour habitude de soumettre les responsables de ses ex colonies de la "Françafrique" à ce genre d’épreuves, notre pays devait –il faire la queue devant au même titre que le Gabon de Bongo, le Cameroun de Biya ou encore la Côte d’Ivoire de Ouatara ? Non bien sûr. L’Algérien est tellement fier pour accepter de s’infliger une telle posture d’accusé presque.
Et nous étions des millions d’Algériens à être choqués mercredi par les comptes rendu de "l’interrogatoire" auquel a eu droit notre ministre des affaires étrangères. Et pour cause, la France responsable des malheurs de l’Algérie a adopté la posture de donneur de leçon face à un ministre Algérien qui s’est plié pour répondre à des questions gênantes, tout en prenant le soin de ne pas heurter la sensibilité de ses "questionneurs" d’un jour.
Kouchner et Juppé accusent, Medelci s’excuse
On aurait tant aimé que Alain Juppé, ou avant lui Bernard Kouchner, viennent s’expliquer devant nos députés sur la politique Française et leurs innombrables dérapages verbaux à propos de notre Révolution et des méfaits de leurs compatriotes. Il y a tout juste quelques mois – juin dernier- le chef du Quai d’Orsay, Alain Juppé, s’est fendu d’une déclaration choquante à partir d’Oran. "Encore, vous ressassez le passé colonial… ", avait-il répondu sèchement à une question d’un journaliste sur le devoir de mémoire.
Avant lui Bernard Kouchner a tiré un coup de sommation contre la génération de novembre à laquelle il impute la brouille algéro-française. Le "french doctor" avait déclaré toute honte bue que les relations entre les deux pays allaient se normaliser "une fois que cette génération aura quitté le pouvoir en Algérie". En Algérie tout le monde était choqué par une telle provocation. Mais depuis, les autorités semblent revenues à de meilleurs sentiments à l’égard d’un pays qui se croit encore dépositaire de la souveraineté sur l’Algérie 50 ans après l’indépendance.
Les algériens attendaient légitimement que leurs responsables aient le courage de maintenir une ligne de conduite inébranlable sur le devoir de mémoire. Qu’ils se montrent à la mesure des sacrifices de nos pères et nos mères contre la sauvagerie coloniale.
Et a quoi ont-ils eu droit ? A une image peu flatteuse et peu glorieuse d’un ministre qui représente le visage de l’Algérie à l’étranger, répondre studieusement aux questions, parfois inquisitrices, de députés français comme s’il devait leur rendre compte. Inacceptable. Inacceptable d’autant plus que Medelci n’a jamais fait cet exercice devant les députés algériens. Inutile d’évoquer sa prestation devant une commission du Sénat algérien, destinée sans doute à rendre "passable" son audition par les députés français deux jours plus tard.
C’est dire que, par quelque bout qu’on la prenne, cette épreuve est "complexante" pour un pays jaloux de son indépendance.
Et, ironie du sort, c’est notre ministre qui nous assène le coup de grâce en promettant que l’Algérie et les algériens seront très gentils à l’égard de la France lors de la célébration du 50ème anniversaire de son indépendance.
"Nous sommes en train de travailler à un programme du 50ème anniversaire dans un esprit qui n’est pas du tout revanchard, qui nous permette de nous auto‑évaluer et de faire que ce mouvement historique qu’a été la révolution algérienne puisse ne pas échapper aux générations montantes ", a –t-il déclaré.
Mourad Medelci a promis également aux élus français que l’Algérie va fêter sobrement son indépendance le 5 juillet prochain. "Nous souhaitons monter un programme sans tambours ni trompettes" assure Medelci. Message décodé : l’Algérie n’entend pas heurter la France en lui rappelant ses crimes odieux. Merci pour ce baroud du déshonneur M. le ministre.
Les chouhadas ont dû se retourner dans leurs tombes. Gloire à eux, mille gloires à eux qui ont rendu au peuple algérien sa dignité aujourd’hui bafouée, mille fois bafouée.

Hakim Merabet

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