vendredi 12 septembre 2014

Alger vaut bien une messe -Par Rafik Benasseur

Enfin ! Le gouvernement s’est réuni ce jeudi, sous la présidence du Premier ministre Abdelmalek Sellal pour cerner les problèmes de la capitale et a décidé de plusieurs mesures «urgentes».

Il était temps que les pouvoirs publics se décident d’aller au chevet d’Alger, notre capitale dont la saleté est devenue proverbiale. Pas seulement chez nous mais également au niveau international puisque «El Bahdja» affiche un visage pâle avec ce triste classement parmi les dix plus sales villes au monde.

Pas de quoi être fière surtout pas pour ceux qui ont vécu les belles années «d’Alger la blanche» si bien chantée par les maîtres du châabi pour qui «Al Assima», était une égérie.

Mais ces dernières années Alger, dépérit au vu et au su de tous. Son patrimoine urbanistique, architectural et artistique disparaît au fil des années sans que personne ne bouge le petit doigt. Les algérois ou ceux qui en reste, assistent, impuissants à la déliquescence de leur ville comme s’il s’agissait d’une fatalité divine.

Les autorités, elles, ont fait preuve d’une incroyable panne d’imagination et d’un laxisme criminel face à la destruction de cette ville qui aurait dû être le phare de la Méditerranée comme l’est Marseille, Barcelone et autre Tanger.

El Bahdja au visage pâle

La gestion de la capitale a été réduite à de banales distributions de logements qui, il est vrai, procurent une valeur ajoutée politiques aux responsables du moment.

Certains ministres avaient excellé dans l’élaboration de belles maquettes à coup de millions de dinars qui nous avaient promis une capitale spectaculairement revue et corrigée. Naïfs, nous les avions cru à cause de leur battage médiatique. Et à ce jeu de promesses virtuelles, l’ex ministre de l’aménagement du territoire s’était même taillé un poste extraordinaire mais surtout anti constitutionnel, de gouverneur d’Alger. Chérif Rahmani, pour ne pas le nommer, a vendu du vent pendant plus d’une décennie surtout quand il s’était offert le statut de « Dey d’Alger» sous le président Zeroual.

Son successeur, Abdelmalek Nourani, n’a lui aussi rien pu faire. A son époque, les gens disaient qu’il s’occupait plus de sa compagnie de taxis en France que des affaires de la capitale. A son départ, il est retourné directement «chez lui» en France.

Fierté d’hier, hantise d’aujourd’hui

Adou Belkebir ramené par Bouteflika de Djelfa n’a lui aussi même pas réussi à refaire les trottoirs éventrés ou encore de redonner une vie nocturne à une capitale fantôme.

Comme Nourani, il part en France avec une belle promotion en tant que Consul général à Paris. Sans doute que l’ex Wali d’Alger va bien apprécier là bas, le fossé méditerranéen qui sépare Paris d’Alger.

Que faut-il attendre de ce Abdelkader Zoukh qui préside aux destinées d’Alger ? Il est certes prématuré de faire son bilan, mais il su montrer son «savoir-faire» en offrant à son fiston un bel appartement AADL standing à Ouled Fayet pendant que des milliers d’algérois attendent depuis des décennies.

Ce scandaleux acte de népotisme qui a fait la «Une » de la presse au début de l’été, résume bien le mal d’Alger, voire celui de toute l’Algérie.

Que le Premier ministre réunisse son gouvernement et tous les responsables sectoriels concernés par la gestion de la capitale est donc une bonne chose. Alger vaut bien une messe.

Il faut juste espérer que ce ne soit pas une démarche conjoncturelle pour amuser quelque temps les algérois. Et pour cause, la réunion de jeudi a abouti à l’installation de plusieurs «groupes de travail» et de «commissions de réflexion». Ce n’est pas vraiment bon signe. Prions tout de même que cette initiative sera la bonne.

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