mardi 23 septembre 2014

Questions autour d'une disparition - Par Rafik Benasseur

Jamais enlèvement d’un ressortissant étranger n’a suscité autant d’interrogations au sein de l’opinion publique en Algérie. La seule évidence pour l’instant est que Hervé Gourdel est porté disparu quelque part en haute Kabylie.

Pour le reste, les spéculations et les manipulations vont bon train dans les médias. S’agit-il oui ou non d’un kidnapping terroriste ? A qui profite le prétendu forfait ?

A voir le délire qui s’est emparé des médias et des officiels de l’Hexagone on ne peut s’empêcher de penser à des scénarios à priori invraisemblables.

Côté Algérien, on se contente pour le moment de faire le boulot, à savoir lancer des recherches à grands renforts des forces de sécurité pour trouver les traces des ravisseurs et pouvoir libérer le ressortissant français supposé être pris en otage.

Il y a un flot de questions légitimes que chacun se pose après cette rocambolesque opération de kidnapping inédite depuis plus d’une décennie en Algérie.

Le gouvernement algérien se serait passé volontiers d’un tel événement qui réinstalle la peur et envoie une alerte rouge au monde à savoir que notre pays est (re)devenu une destination à risque. En terme d’image, l’Algérie perd gros dans cette affaire.

L’emballement médiatique en France et en Algérie met une terrible pression sur les autorités algériennes qui doivent, subitement, « s’expliquer » sur un cas d’enlèvement pour le moins bizarre.

Assistons-nous alors à un « coup monté » par l’entremise des officines étrangères pour replonger l’Algérie dans une atmosphère de peur et plaider l’idée que le monstre Daech est dans nos murs ?

C’est une hypothèse de travail à ne pas écarter dans un contexte régional et international marquée par la volonté de l’Occident notamment la France et les Etats-Unis d’en découdre avec Daesh créé pour suppléer la vacance annoncée d’AQMI.

L’Algérie figure parmi les pays qui font tout pour éviter que l’Occident recoure à la force pour stabiliser à Libye. En prenant sur elle d’amorcer une médiation pour aboutir à une solution politique, l’Algérie à fait des mécontents.

Créer des problèmes en interne s’avérerait alors l’une des formules pour l’amener à se concentrer sur ses propres soucis sécuritaires au lieu de voler au secours de ses voisins.

De ce point de vue là, le supposé enlèvement du ressortissant français par ce mystérieux groupe « Jound Al Khilafa », accrédite plus l’idée qu’il s’agit d’un scénario d’experts…

On imagine déjà les conséquences si jamais les ravisseurs venaient à exécuter l’otage comme ils l’ont promis hier. La France officielle a fait savoir en effet qu’elle n’avait pas peur des menaces du groupe. Laurent Fabius est allé jusqu’à insinuer qu’il fallait se préparer au pire. Un effet d’annonce qui mérite un décryptage…

Source: Algérie1

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