Par Mourad Arbani
C’est une première, un précédent gravissime : la police qui se
révolte. Où ? En Algérie. Précisément à Ghardaia, ce ventre mou de
l’Algérie actuellement. Hier, la capitale du Mzab, après une accalmie
qui a pu tenir quelques semaines, a brusquement ré-basculé en début de
soirée dans la violence.
Des affrontements sanglants ont opposé les mêmes protagonistes,
c’est-à-dire des jeunes des deux communautés mozabite et Chaâmbi.
Résultat de cette nouvelle escalade : deux jeunes tués et des dizaines
de blessés entre policiers et agents de la Protection civile.
En fait la reprise des affrontements en début de soirée de lundi est
arrivée dans la foulée d’une manifestation de policiers en début de
matinée. Ils seraient en effet plus d’un millier de policiers à avoir
organisé au petit matin une marche pacifique jusqu’au siège de la
Wilaya.
Au cours de cette manifestation illégale, les policiers rebelles ont
brandi des pancartes dans lesquelles ils revendiquaient clairement le
départ du DGSN Abdelghani Hamel tout en exigeant la présence sur place
du ministre de l’intérieur Tayeb Bélaiz.
Le DGSN pris de court par cette manifestation a dû, toutes autres
affaires cessantes, se rendre sur place en catastrophe, même si la
communication officielle parle d’une « visite préparée de longue date ».
Selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale
(DGSN), le général major Hamel a rencontré les policiers frondeurs qui
lui ont fait part de leurs préoccupations notamment après les attaques
dont ils ont fait l’objet au cours des dernières 24 heures.
Une cabale contre le général Hamel
La manifestation des policiers est loin d’être aussi anodine que
cherche à le faire croire le communiqué lisse et convenu de la DGSN. En
effet, cette forme de mutinerie, dépasse largement le strict cadre des
revendications socioprofessionnelles, qui constitue au demeurant un beau
prétexte. Le fait que des slogans hostiles au général Hamel soient
scandés si fort n’est pas que l’expression d’une exacerbation due aux
conditions socioprofessionnelles.
Les observateurs initiés au décryptage des chocs tectoniques au
niveau des institutions de l’Etat sont formels : cette manifestation de
policiers, sur fond de malaise social, est montée contre le général
Hamel. Le fait de lire sur une des pancartes brandie par les
manifestants « Hamel dégage » et dans le même temps exiger la présence
du ministre de l’intérieur, n’est certainement pas fortuit. En effet,
voilà des protestataires qui, au lieu d’être satisfaits d’engager des
négociations avec leur patron, qui a fait le déplacement, le récusent
avant même de le rencontrer. C’est quand même bizarre cette façon de
faire, qui accrédite l’idée d’une vaste manipulation dont ont été
victimes des centaines de policiers qui, pour sûr, ont des
revendications légitimes et non pas celles qui sont avancées du
genre »manger du thon et des biscuits et avoir une permission en 10
mois ». Ghardaia n’est quand même pas les maquis durant la glorieuse
Révolution ni les tranchées de Verdun durant la première guerre mondiale.
Divergences avec le ministre de l’intérieur
Il y a en effet comme une volonté qui ne dit pas son nom d’utiliser
cette « jacquerie » de la police pour porter le coup de grâce au DGSN
dont les divergences avec Tayeb Bélaiz le ministre de l’Intérieur sont
de notoriété publique. Et dont aussi la gestion sécuritaire, au
demeurant très satisfaisante, ne semble pas faire l’unanimité, non plus
au même ministère de l’intérieur. Ce qui fait accréditer l’idée selon
les mêmes observateurs de la scène politique algérienne que c’est bien
au niveau de cette institution que se trouvent les initiateurs de cette
cabale contre « un bon client pour l’avenir » résumera l’un d’eux..
Vouloir faire tomber Hamel en faisant sortir dans la rue de la
manière la plus illégale des policiers en uniforme, un fait inédit en
Algérie, c’est jouer avec le feu. Le pyromane irresponsable qui tire les
ficelles et qui se cache derrière cette soit disant révolte de
policiers ne mesure pas l’ampleur de son acte ni les graves dérives qui
peuvent en découler.
A l’heure des menaces aux frontières du pays, du terrorisme qui
continue à sévir, bien que résiduel, des troubles sans fin dans la
vallée du Mzab… provoquer une mutinerie au sein d’un corps de sécurité,
quel qu’il soit, est attentatoire à la sécurité nationale. Pour preuve,
alors que depuis des semaines que le calme est revenu, à la grande
satisfaction des citoyens de la wilaya de Ghardaia, voilà qu’à la faveur
de cette manipulation, les troubles ont comme par hasard repris le jour
même et provoquer des morts et des blessés.
Démobiliser les mutins
C’est dire que les commanditaires sont prêts à tout pour descendre le
général Hamel quitte à laisser sur le carreau d’innombrables cadavres
et déstabiliser par la même le pays. C’est la preuve aussi que les
événements à répétition de Ghardaia ne sont qu’une vaste mystification
qui a pour point de départ Alger d’où agissent dans l’ombre ceux qui
tirent les ficelles.
Quant aux mutins, ils se doivent d’être démobilisés sur le champ et
renvoyés chez eux immédiatement. On ne badine pas avec des principes
cardinaux que sont la discipline et l’obéissance au commandement quand
on est un policier, un gendarme ou un militaire et qui plus est faire
partie d’un service de sécurité déployé dans un endroit sensible en
butte à des affrontements violents et des émeutes récurrentes. Des
milliers de jeunes algériens attendent aux portes des casernes et des
académies de saisir la chance d’intégrer les services de sécurité.
C’est assurément une affaire à suivre…
Source: Algérie1
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire