mardi 14 octobre 2014

Manifestation de policiers à Ghardaïa : qui joue avec le feu pour faire tomber Hamel ?

Par Mourad Arbani

C’est une première, un précédent gravissime : la police qui se révolte. Où ? En Algérie. Précisément à Ghardaia, ce ventre mou de l’Algérie actuellement. Hier, la capitale du Mzab, après une accalmie qui a pu tenir quelques semaines, a brusquement ré-basculé en début de soirée dans la violence.
Des affrontements sanglants ont opposé les mêmes protagonistes, c’est-à-dire des jeunes des deux communautés mozabite et Chaâmbi. Résultat de cette nouvelle escalade : deux jeunes tués et des dizaines de blessés entre policiers et agents de la Protection civile.
En fait la reprise des affrontements en début de soirée de lundi est arrivée dans la foulée d’une manifestation de policiers en début de matinée. Ils seraient en effet plus d’un millier de policiers à avoir organisé au petit matin une marche pacifique jusqu’au siège de la Wilaya.
Au cours de cette manifestation illégale, les policiers rebelles ont brandi des pancartes dans lesquelles ils revendiquaient clairement le départ du DGSN Abdelghani Hamel tout en exigeant la présence sur place du ministre de l’intérieur Tayeb Bélaiz.
Le DGSN pris de court par cette manifestation a dû, toutes autres affaires cessantes, se rendre sur place en catastrophe, même si la communication officielle parle d’une « visite préparée de longue date ». Selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le général major Hamel a rencontré les policiers frondeurs qui lui ont fait part de leurs préoccupations notamment après les attaques dont ils ont fait l’objet au cours des dernières 24 heures.
Une cabale contre le général Hamel
La manifestation des policiers est loin d’être aussi anodine que cherche à le faire croire le communiqué lisse et convenu de la DGSN. En effet, cette forme de mutinerie, dépasse largement le strict cadre des revendications socioprofessionnelles, qui constitue au demeurant un beau prétexte. Le fait que des slogans hostiles au général Hamel soient scandés si fort n’est pas que l’expression d’une exacerbation due aux conditions socioprofessionnelles.
Les observateurs initiés au décryptage des chocs tectoniques au niveau des institutions de l’Etat sont formels : cette manifestation de policiers, sur fond de malaise social, est montée contre le général Hamel. Le fait de lire sur une des pancartes brandie par les manifestants « Hamel dégage » et dans le même temps exiger la présence du ministre de l’intérieur, n’est certainement pas fortuit. En effet, voilà des protestataires qui, au lieu d’être satisfaits d’engager des négociations avec leur patron, qui a fait le déplacement, le récusent avant même de le rencontrer. C’est quand même bizarre cette façon de faire, qui accrédite l’idée d’une vaste manipulation dont ont été victimes des centaines de policiers qui, pour sûr, ont des revendications légitimes et non pas celles qui sont avancées  du genre  »manger du thon et des biscuits et avoir une permission en 10 mois ». Ghardaia n’est quand même pas les maquis durant la glorieuse Révolution ni les tranchées de Verdun durant la première guerre mondiale.

Divergences avec le ministre de l’intérieur
Il y a en effet comme une volonté qui ne dit pas son nom d’utiliser cette « jacquerie » de la police pour porter le coup de grâce au DGSN dont les divergences avec Tayeb Bélaiz le ministre de l’Intérieur sont de notoriété publique. Et dont aussi la gestion sécuritaire, au demeurant très satisfaisante, ne semble pas faire l’unanimité, non plus au même ministère de l’intérieur. Ce qui fait accréditer l’idée selon les mêmes observateurs de la scène politique algérienne que c’est bien au niveau de cette institution que se trouvent les initiateurs de cette cabale contre « un bon client pour l’avenir » résumera l’un d’eux..
Vouloir faire tomber Hamel en faisant sortir dans la rue de la manière la plus illégale des policiers en uniforme, un fait inédit en Algérie, c’est jouer avec le feu. Le pyromane irresponsable qui tire les ficelles et qui se cache derrière cette soit disant révolte de policiers ne mesure pas l’ampleur de son acte ni les graves dérives qui peuvent en découler.
A l’heure des menaces aux frontières du pays, du terrorisme qui continue à sévir, bien que résiduel, des troubles sans fin dans la vallée du Mzab… provoquer une mutinerie au sein d’un corps de sécurité, quel qu’il soit, est attentatoire à la sécurité nationale. Pour preuve, alors que depuis des semaines que le calme est revenu, à la grande satisfaction des citoyens de la wilaya de Ghardaia, voilà qu’à la faveur de cette manipulation, les troubles ont comme par hasard repris le jour même et provoquer des morts et des blessés.

Démobiliser les mutins
C’est dire que les commanditaires sont prêts à tout pour descendre le général Hamel quitte à laisser sur le carreau d’innombrables cadavres et déstabiliser par la même le pays. C’est la preuve aussi que les événements à répétition de Ghardaia ne sont qu’une vaste mystification qui a pour point de départ Alger d’où agissent dans l’ombre ceux qui tirent les ficelles.
Quant aux mutins, ils se doivent d’être démobilisés sur le champ et renvoyés chez eux immédiatement. On ne badine pas avec des principes cardinaux que sont la discipline et l’obéissance au commandement quand on est un policier, un gendarme ou un militaire et qui plus est faire partie d’un service de sécurité déployé dans un endroit sensible en butte à des affrontements violents et des émeutes récurrentes. Des milliers de jeunes algériens attendent aux portes des casernes et des académies de saisir la chance d’intégrer les services de sécurité.
C’est assurément une affaire à suivre…

Source: Algérie1

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